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«Migration cellulaire: la passion d’une vie en biologie des tumeurs»

lundi 20 nov 2017
Faculté de médecine - Leçons d'adieu

Beat IMHOF



Professeur ordinaire,

Département de pathologie et immunologie

Faculté de médecine UNIGE





Dès le tout début de la vie, nos cellules bougent à travers notre corps, un phénomène appelé «migration cellulaire». Lors de l’embryogenèse, nos premières cellules savent où se placer afin de former les organes et les vaisseaux sanguins du futur bébé. A l’âge adulte, notre corps continue à produire des cellules migrantes, telles que les cellules immunitaires qui patrouillent en permanence afin de défendre le corps contre les infections. Ces mouvements cellulaires existent aussi dans des contextes beaucoup plus néfastes, comme lors de la formation de tumeurs. Les vaisseaux sanguins migrent alors au cœur de la tumeur et lui fournissent l’oxygène et les nutriments nécessaires à sa croissance. Et les cellules cancéreuses peuvent aussi voyager hors de la tumeur pour former des métastases, tandis que les cellules immunitaires s’installent dans la tumeur pour lutter contre elle, mais aussi pour renforcer le développement des vaisseaux sanguins. Ce sont ces voyages intérieurs que le professeur Imhof a longtemps étudiés, et qu’il nous invite aujourd’hui à découvrir. Au cours de ses recherches, il a en effet identifié des mécanismes et des molécules – aujourd’hui brevetées – impliquées dans la migration cellulaire. Grâce à ces découvertes, il a pu proposer de nouvelles thérapies anticancéreuses: en bloquant ces mécanismes migratoires, il s’agissait en effet d’empêcher la vascularisation des tumeurs, la colonisation des cellules immunitaires et la formation de métastases. Des recherches novatrices, dont il a été l’un des pionniers.



Biographie


Beat Imhof a étudié la biochimie à l’EPFZ, avant d’obtenir un PhD à l’Institut Max Planck à Tübingen, en Allemagne (1983), où il a étudié les interactions intercellulaires. Il a ensuite poursuivi ses recherches au sein de l’Institut d’embryologie de Nogent-sur-Marne, à Paris, en tant que Fellow de l’organisation européenne de biologie moléculaire (EMBO), où ses travaux se sont concentrés sur les cellules progénitrices des lymphocytes T et leur colonisation du thymus. De retour en Suisse en 1988, il a rejoint l’Institut d’Immunologie de Bâle, avant d’être nommé, en 1996, professeur ordinaire au Département de pathologie et immunologie de la Faculté de médecine de l’UNIGE, département dont il assurera la présidence pendant plus de dix ans. Plus récemment, ses travaux de recherche concernent la pathologie de la migration des leucocytes dans les maladies inflammatoires et l’angiogenèse tumorale. Il a découvert un nombre de molécules impliquées dans ces processus, qui sont aussi à l’origine des patentes. Beat Imhof a également été président de la Société suisse d’allergologie et immunologie et de la Société européenne pour la microcirculation, rédacteur et membre du conseil de plusieurs revues à politique éditoriale, et a fait partie de nombreux comités d’évaluation pour les universités.