Nées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sur l’initiative d’un groupe
de citoyens genevois convaincus de la nécessité d’une reprise du dialogue dans
un monde déchiré, les Rencontres internationales de Genève (RIG) ont tenu
leur première session en 1946. Le succès de cette première réunion incita les
promoteurs à poursuivre en vue de maintenir un dialogue culturel visant à l’universel.
Tout au long des quarante-cinq sessions qu’elles ont organisées, les RIG ont
apporté une contribution importante à la compréhension des grands défis du
monde contemporain comme aussi à l’évolution des savoirs. Des philosophes,
des écrivains, des théologiens, des savants, des artistes, des sociologues, des
historiens ont abordé les grands problèmes de l’actualité dans le domaine de la
civilisation, de la politique, des arts et des sciences.
Le rayonnement de ces sessions, qui ont eu le souci de n’omettre ni le détail des
faits, ni les principes fondamentaux qui s’y trouvaient impliqués, permet d’affirmer
que les RIG constituent un lieu de réflexion privilégié. Le site web des Rencontres
internationales de Genève donne accès aux conférences et débats des sessions
depuis 1946 et depuis plus récemment à leur enregistrement.
Le phénomène religieux a longtemps été vu comme promis à une lente et peut-être
fatale érosion par l’évolution de la société moderne. La limitation de son influence
à la sphère privée semblait en tout cas acquise et destinée à devenir la norme d’un
monde globalisé. Depuis un certain nombre d’années, un constat plus nuancé
est fait, qui reconnaît la résilience du religieux comme fondement et marqueur
d’identité et la récurrence de ses retours dans la sphère publique.

La manifestation la plus visible en est assurément l’affirmation de mouvements
politiques qui se réclament de Dieu ou de la religion et font entendre leur voix avec
force, parfois par la force. Mais on peut également en voir l’expression dans la
mobilisation d’individus ou de groupes un peu partout dans le monde en faveur de
l’inscription d’une plus grande reconnaissance de la religion dans les institutions
et la vie sociale.
Comment apprécier la diversité et même l’apparent paradoxe de ces tendances ?
D’une part, baisse de la pratique religieuse et individualisation de la foi ; d’autre
part, insertion de revendications religieuses dans des programmes politiques
et renouveau des intégrismes. C’est à ces questions que la 46e session des
Rencontres internationales de Genève souhaite apporter des éléments de réflexion
qui puissent être utiles à la compréhension de la société contemporaine.
Philippe Burrin, Président des Rencontres internationales de Genève