Leçon d'ouverture : Comment parler d'images qu'on n'a jamais vues?

Des milliards d’images du passé, comme du présent, nous n’avons vu et ne verrons jamais qu’une infime proportion. Faut-il pour autant s’interdire de parler de ce que nous n’avons pas vu ou de ce que nous n’avons pas lu? Face au déluge d’images qui s’est amorcé depuis la fin du XIXe siècle avec l’émergence des journaux et des affiches illustrées, des cartes postales, de la photographie et du cinéma, philosophes et historiens de l’art ont longtemps affiché leur scepticisme. Avec sa montée en puissance après les années 1950 grâce à l’essor des magazines, de la publicité et de la télévision, l’image devenait même objet d’aliénation quotidienne, synonyme de nivellement culturel par le bas, de propagandes politiques, de publicités mensongères, d’échec de l’esprit critique. À l’ère du numérique, la circulation accélérée des images a encore accru ces inquiétudes. Mais cette méfiance mérite d’être dépassée. Placer ces millions d’images sous le regard de la science – ce que les progrès de la technologie permettent aujourd’hui de faire –, c’est en effet se donner une chance de mieux comprendre ce qui a forgé nos cultures, de s’interroger sur la valeur iconique de certaines représentations, mais aussi de questionner la mondialisation et de relativiser les notions souvent bien trop simplistes, de centre et de périphérie.

Créé le : 25 février 2022
Mis à jour : 25 février 2022
Année académique : 2021-2022
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