L’Afrique en paix ou en entre-guerres?
jeudi 14 mai 2015
Les Rencontres de Genève Histoire et Cité 2015
1Conférence d’ouverture – Construire la démocratie au Chili: quelle justice?
01:41:50
2La force du ressentiment 01:36:12
3L’Afrique en paix ou en entre-guerres?01:29:04
4Histoires et mémoires: de la guerre à la paix (Amérique latine – Russie)01:50:10
5Les pacifistes. Jusqu’où peut-on aller pour sauver la paix?01:34:50
6Conférence d’ouverture du Salon du livre. Les longues jambes du printemps01:29:50
7La Fabrique de l’Histoire52:29
8Science for Peace: from CERN to SESAME01:30:06
9Après les génocides01:28:01
10Versailles, une paix ratée? Réception et conséquences du traité de paix en...01:31:41
11Le conflit israélo-palestinien: la paix impossible?01:22:24
12Arménie, Kurdistan, Turquie: quel avenir et quelles interactions?01:34:15
13Après l’attentat de Sarajevo, « l’esprit de Genève »?01:23:43
14Carte blanche au Global Studies Institute UNIGE – Dessine-moi un conflit: le rôle...01:32:53
15Construire l’Europe dans les années 1920: esquisse avortée, matrice féconde01:26:53
16Après la guerre. Représentations artistiques et mobilisation politique01:24:08
Vues à travers des représentations stéréotypées, les guerres qui sévissent en Afrique seraient aujourd’hui le signe de la « fragilité » des Etats, du caractère « artificiel » de leurs frontières, de la puissance d’une conscience ethnique ou religieuse qui les subvertirait, voire de la « barbarie » de leurs peuples. Or, la guerre a pour enjeu la formation de l’Etat plutôt que sa récusation, enjeu pour lequel des revendications et des stratégies sociales ou politiques rationnelles sont avancées. Faute de prendre en compte ces processus, les modalités des paix promues par les institutions multilatérales et les Etats occidentaux sont-elles opérantes ou contre-productives?
Informations complémentaires
Dans les conversations du Café du Commerce, dans les colonnes des journaux ou sur les écrans de télévision, l’Afrique est le continent de la guerre, dont l’aurait brièvement distrait la « paix coloniale ». C’est oublier que celle-ci a d’abord été une conquête et une occupation militaires, qu’elle a entraîné les sociétés africaines dans deux conflits mondiaux qui ne les concernaient pas, et qu’elle les a associées à la répression de luttes nationales de libération, notamment en Indochine. En outre, la colonisation a donné à l’Afrique des moyens de destruction autrement plus létaux que ceux qu’elle connaissait, et qui ont transformé l’exercice de la guerre sur son sol en la massifiant : les victimes se comptent désormais par dizaines de milliers, voire par millions comme dans la région des Grands Lacs.
D’un stéréotype à l’autre, la guerre serait aujourd’hui le signe de la « fragilité » des Etats, du caractère « artificiel » de leurs frontières, de la puissance de la conscience ethnique ou religieuse qui les subvertirait, voire de la « barbarie » de leurs peuples. Mais les recherches de terrain montrent qu’elle a pour enjeu l’Etat, plutôt que sa récusation, qu’elle peut contribuer à sa formation, qu’elle véhicule des revendications et des stratégies sociales ou politiques rationnelles, qu’elle se professionnalise. Faute de prendre en compte ces processus, l’ingénierie de la paix que promeuvent les institutions multilatérales et les Etats occidentaux est inopérante, voire contre-productive.
Pour analyser le « métier des armes » au Tchad, et pour sortir de l’alternative illusoire entre la guerre et la paix, Marielle Debos a parlé d’ « entre-guerres ». Telle est la mise en perspective dont débattra la table ronde afin de mieux comprendre les conflits africains contemporains dans leur historicité complexe, dans leur dimension sociale et politique, et dans le jeu diplomatique auquel ils donnent lieu.