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Là où la recherche est menacée, la démocratie est en danger

jeudi 06 oct 2022
Rectorat - Directement rattaché au rectorat

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe est un exemple parmi d’autres de la façon dont l’histoire peut faire l’objet de réécritures et d’instrumentalisations politiques afin de justifier des actions entreprises au nom de la «raison d’État» ou d’un supposé «destin impérial». Le travail des chercheurs/euses consiste notamment à mettre en perspective de tels discours, à les décortiquer, pour en démontrer la vacuité ou l’éventuelle imposture dont ils relèvent. Or le travail de terrain, l’immersion dans les contextes concernés et les échanges avec des collègues proches de ces réalités tendent à devenir de plus en plus aléatoires. L’anthropologue iranienne Fariba Adelkhah, docteure honoris causa de l’UNIGE, paie le prix fort de cette situation, puisqu’elle est emprisonnée dans la banlieue de Téhéran depuis plus de trois ans simplement pour avoir exercé ce métier d’observation et d’analyse. De plus en plus d’universitaires sont aujourd’hui soumis-es à des pressions, des arrestations, voire à une répression de masse, comme en Turquie en 2016, où des milliers d’intellectuel-les ont été menacé-es par les autorités de leur pays.

Or, là où il est impossible d’apporter un regard critique sur les discours officiels, la démocratie est en danger. Le jeudi 6 octobre, une table ronde proposera des témoignages et une discussion sur les enjeux de cette instrumentalisation de la recherche. Elle rassemblera Korine Amacher, professeure d’histoire russe et soviétique à la Faculté des lettres ainsi qu’au Global Studies Institute de l’UNIGE, Çağla Aykaç, chercheuse accueillie à l’UNIGE après avoir été contrainte de quitter la Turquie, Mounia Bennani-Chraïbi, professeure de science politique à l’Université de Lausanne, Roland Marchal, chercheur à CERI-Sciences Po Paris après avoir été prisonnier scientifique en Iran pendant huit mois, et Didier Péclard, professeur à la Faculté des sciences de la société.

Cet événement s’inscrit dans le cadre de la Semaine de la démocratie qui aura lieu du 1er au 8 octobre sur le thème «Construire la démocratie».