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Rencontres internationales de Genève 2016 : FICTIONS Penser le monde par la littérature
2016-2017
conference
- 26/09/2016Écrire dans la violence du monde [1:53:04]2644VN4-1211-2016-2017-09-27« Ecrire dans la violence du monde » Depuis longtemps sans doute, et de plus en plus de nos jours, la violence s’étend sur le monde, dans un mouvement conquérant et totalitaire. Elle repense le monde, le reconfigure, selon ses volontés et ses besoins. Forcées par la mondialisation consumériste, la dictature du politiquement correct et l’expansion islamiste, nos vies nous échappent. Les institutions démocratiques, issues des Lumières, sont toutes en perte de vitesse. Ni la politique, ni la philosophie, n’offrent de perspectives crédibles. Et la littérature, peut-elle nous aider à nous remettre en question et rebâtir un cadre de vie en adéquation avec nos aspirations ? La réponse est certainement oui, si elle s’engage et qu’elle sache réinventer les Lumières. Boualem Sansal est un écrivain et essayiste algérien, francophone. Il a 68 ans et vit en Algérie. Il est ingénieur de formation et économiste. Sa carrière professionnelle s’est déroulée autour de deux activités, l’enseignement et la haute administration. C’est à 50 ans, durant la guerre civile qui a sévi dans son pays dans la décennie 90, qu’il s’engage en littérature. Ses œuvres sont une dénonciation des maux qui ravagent son pays, la dictature, la corruption, l’islamisme. Il a publié à ce jour sept romans, dont « Le serment...
- 27/09/2016L’écrivain et ses villes [1:57:52]1906VN4-1211-2016-2017-09-28“L’écrivain et ses villes” Au travers de son expérience personnelle avec ses villes – Istanbul, Vienne et Athènes – Petros Markaris explore les chemins par lesquels s’est forgée sa personnalité d’écrivain. Plus en avant, il se questionne sur le lien entre le roman policier contemporain et les grandes villes – comment émerge-t-il de ces contextes urbains, de leur histoire, de leurs odeurs, de leurs habitants, de leurs crises ? La réponse se construit au travers des grands noms du roman policier, tels que Jean-Claude Izzo et Marseille ou encore Manuel Vazquez Montalban et Barcelone. Né à Istanbul en 1937, Petros Markaris, est romancier, auteur de polars, dramaturge, scénariste et traducteur. Il a fait des études d’économie politique. Il a été coscénariste du réalisateur grec Theo Angelopoulos et a participé à l’écriture de plusieurs scénarios de ses films, comme « Alexandre le Grand », « Le pas suspendu de la cigogne », « Le regard d’Ulysse » et « L’éternité et un jour ». Son premier roman policier « Journal de la nuit » est paru en 1995. Petros Markaris a reçu de nombreuses récompenses, dont le prix du polar de Barcelona Negra, le prix Italien Courmayeur du polar, et le prix Le Point du polar européen 2013. Parmi ses nombreux romans, on retiendra notamment « Une défense béton »...
- 28/09/2016La chute comme expérience de salut [2:01:29]2087VN3-2795-2016-2017-09-29“La chute comme expérience de salut” « J’ai l’expérience de nombreuses variétés de chutes. Toutes sont dues à la loi dite de gravité. Il faut que la chute ne soit pas le dernier mot, mais le passage nécessaire pour se redresser. Existe-t-il une force en nous et dans la nature qui contredit la chute? » Erri De Luca est né à Napoli en 1950 et vit aujourd’hui dans une maison de campagne au nord de Rome. Il a travaillé comme ouvrier pendant vingt ans et est engagé dans différentes luttes sociales. Il est également un alpiniste émérite. Il hérite de son père le goût des livres et publie son premier roman « Pas ici, pas maintenant » en 1989. Il est l’auteur de traductions de l’Ancien Hébreu biblique, ainsi que de nombreux romans, poèmes et pièces de théâtre. Ses romans se situent tous à Naples et ont tous un fondement autobiographique. On retiendra notamment « Sur la trace de Nives » (2005), « Au nom de la mère » (2006) et, son dernier ouvrage, « La parole contraire » (2015), fondé sur son combat contre un désastre environnemental en Italie et dans lequel il défend le droit à la liberté de parole contraire. Ses livres sont traduits en plus de trente langues et il a obtenu le prix Femina étranger 2002 pour son livre « Montevideo » (2001) et le Prix européen de littérature en...
- 29/09/2016La fiction, une réalité sans frontières [1:59:41]1809VN4-1211-2016-2017-09-30La fiction, une réalité sans frontières La fiction permet de traverser le temps en se balançant d’une époque à une autre grâce à l’élan d’un mot ou le retour d’une image. Elle traverse les continents sans même changer de paragraphe et fusionne les cultures dans le silence des espaces. Elle tricote les mœurs, les us et coutumes avec un point-virgule et prédit le futur en suivant un simple souffle. En bref, La fiction libère la réalité de ses contraintes en bousillant les lignes, les formes et les formules. Ainsi, la réalité retrouve sa pureté première. Née à Saïgon en 1968, Kim Thuy a quitté le Vietnam avec les boat people à l’âge de dix ans et s’est installée avec sa famille au Québec. Diplômée en traduction et en droit, l’auteure a travaillé comme couturière, interprète, avocate, propriétaire de restaurant et chroniqueuse culinaire pour la radio et la télévision. Elle vit à Montréal et se consacre à l’écriture. Son premier livre, Ru (2009), a connu un succès fulgurant et a remporté de nombreux prix du Gouverneur général du Canada (2010) et le Grand prix littéraire Archambault (2011). Depuis, elle a publié trois autres livres : A toi (2011), Mãn (2013, Finaliste du Prix des cinq continents de la Francophonie 2013) et, dernièrement, Vi (2016). Table ronde “Éditer les...
Lecteur assidu, essayiste, poète, « cinégraphe », nouvelliste, auteur notamment de Fictions (1944), l’immense écrivain argentin Jorge Luis BORGÈS (1899-1986) est inhumé au cimetière des Rois à Genève — ville internationale de ses études. Comme un trop modeste hommage à la modernité poétique et philosophique de son œuvre qui a changé les perspectives du regard sur la littérature en son jeu spéculaire avec le réel, la 49e session des Rencontres internationales de Genève est consacrée aux infinis rapports que l’imaginaire littéraire entretient avec les désordres et les incertitudes du monde contemporain, ainsi que la responsabilité sociale de l’écrivain.
Pour terminer l’été, cette session invite chaleureusement la cité à une prometteuse conversation cosmopolite de quatre jours avec quatre auteurs prestigieux venus du Canada, d’Italie, de Grèce, d’Algérie : Madame Kim THUY ; Messieurs Erri DE LUCA, Petros MARKARIS, Boualem SANSAL. Leurs conférences inédites ouvriront sur des tables-rondes et des débats publics. Selon leurs choix existentiels et leurs engagements individuels, ces écrivains incarnent la littérature contemporaine comme une « parole contraire », mais aussi comme une éthique résistante face aux maux et aux violences du monde déboussolé et sécuritaire d’aujourd’hui, avec son cortège de civils massacrés, de migrants désespérés, d’intellectuels inquiétés, censurés, traduits en justice, brutalisés, voire abattus pour des motifs religieux et politiques, mais aussi de saccages environnementaux et de dégradations socio-économiques, matrices de précarités et d’inégalités.
Pourtant, au-delà des choix poétiques, esthétiques et de genres littéraires, au-delà de son usage social et de son approche herméneutique, la littérature porte certainement un espoir pour penser ensemble le monde meilleur et plus fraternel auquel nous rêvons : à « chaque effondrement des preuves le poète répond par une salve d’avenir » (René CHAR).